« mori-tuerie » – Hugo Hengl
Titre

« mori-tuerie » – Hugo Hengl

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Et maintenant ? Prendre la tangente ? Trop tard. Et l’autre ? Mort. Sûr ? Il ne remue plus. Et la fille ? On la laisse là. Mais lui ? T’inquiète. Et s’il parle ? Allez, viens. Mais s’il se lève et se met à parler ? Et quand bien même. Personne ne le croira. Je te dis qu’il est mort. Et s’il se lève quand même ? Pour le dire ? Dire quoi ? Comment il est mort ? Et s’il parle quand même ? De quoi ? Arrête de gueuler. C’est toi qui l’as tué. Faux. Alors moi ? C’est toi que j’ai tué, pas lui. Mais je te croyais mort ? Pas encore. C’est donc ça. Et lui se trouvait au milieu. Et je t’ai tué, n’ayant pas le choix. Non, c’est moi, vieux, désolé. Moi d’abord. Et lui ensuite. Cela revient au même. Pas tout à fait. Tout de même, il n’a pas de veine. Parle pour toi. Mourir comme ça. Pas le choix. Il allait parler. Et elle ? Elle est bien là où elle est. Et toi ? Je vais tout déballer. A qui ? Peu importe. Je t’en empêcherai. Je le sais. Tout de même. J’aurais dû te tuer davantage. Tu ne tueras plus jamais personne. Je te tuerai encore et encore. Si tu n’étais pas si mort, comme je te tuerais, pour de bon. Tu ne feras rien de tout cela. Je sais. Elle peut-être ? Elle non plus ne pourra plus nous tuer, plus jamais. Je ne sais pas ce qui l’en empêche. Moi je sais. Elle ne dira rien. Je reviendrai la tuer plus tard. Inutile, elle s’en chargera elle-même. Je l’en empêcherai. Impossible. Tu ne dis pas tout. En effet. C’est elle qui t’a tué. Comment le sais-tu ? Elle t’a laissé pour mort. Mais elle ne m’a pas achevé. L’autre s’en chargerait. Mais il ne fallait pas qu’il parle. Donc tu l’as tué. Ce n’est pas si simple. Parce que je t’ai tué avant ? Je n’avais pas prévu que tu me tues aussi vite : mort, je ne pouvais plus donner l’ordre de le tuer. L’ordre avait changé, il fallait faire vite. Pourquoi moi avant lui ? Avant moi, tu veux dire ? Non, toi, tu étais déjà mort. Tu as toujours été mort, tu piges ? C’était donc ça. Et comment suis-je mort ? Tu veux que je te le dise ? Non. Et elle ? Va savoir. Mais l’autre, alors, si tu étais mort avant de me tuer ? Il est mort juste avant de te tuer, mais ne méritait pas de mourir. Du moins pas encore. C’était donc à moi de le tuer, étant déjà mort. C’est fait. Mais c’était sans compter sur moi. Si. Il y a encore une chose que tu ne sais pas. Au sujet de la fille ? Oui. C’est elle que j’aurais dû tuer. On ne t’aurait pas laissé. Je m’en doute. Pauvre vieux. L’autre ? Non, toi. Je suis mort de ma propre mort. Loin de là. Alors tue-moi encore. Impossible. Alors cesse de me suivre dans la mort. Je ne peux pas. Voilà qu’il se lève. Qu’est-ce qu’il dit ? C’est fait.