« L’oignon libre » – Konrad Schmitt
Titre

« L’oignon libre » – Konrad Schmitt

description


Ma femme à la chevelure d’étourneau
Aux pensées diaphanes
À la taille de coquetier
Ma femme à la taille de cacahuète entre les dents du mamelouk
Ma femme à la bouche de crayon de couleur et de trognon de pomme succombant déjà à la rousseur
Aux dents d’hyacinthes de clochettes du sceau de Salomon
À la langue-triangle
Ma femme à la langue d’enclume martelée
À la langue de captivité
À la langue de mystère insondable
Ma femme aux cils de fagots débridés
Aux sourcils au bord des falaises
Ma femme aux tempes éjaculées de framboises étalonnées
Et de limandes froides
Ma femme aux épaules de barillet
Et de champ de terre ocre s’étalant
Ma femme aux poignets de bicyclette
Ma femme aux doigts ironiques et de miel d’ardeur
Aux doigts de livre froissé
Ma femme aux aisselles de câpres et de faînes
De nid savonneux pour le gland
De fleur de pissenlit et de lait de chèvre
Aux bras de poulpes et d’incendies
Et de mélange de pets et d’intestins
Ma femme aux jambes intellectualisées
Aux mouvements de chieries et de mélancolie
Ma femme aux mollets de suc de pavot
Ma femme aux pied d’Écossaise
Aux pieds de diarrhée aux pieds de vagin denté
Ma femme au cou de canne à sucre
Ma femme à la gorge de rouge-gorge
De rendons-nous dans la citerne du levant
Aux seins de pluie
Ma femme aux seins de coccinelle divine
Ma femme aux seins d’un regard complice
Aux seins de dentelle et de rose dans la nuit
Ma femme au ventre de céramique plissée
Au ventre absolument trendu aux limes de l’amour
Ma femme au dos d’escargot visqueux qui luit, spectral
Au dos d’esquimau fondu
Au dos de semences éclaboussées
À la nuque de cratère et de buis frotté
Et de larmes glissées qu’on éponge d’un revers
Ma femme aux hanches d’hirondelle
Aux hanches de poux grimaçant sous un microscope
Et de pieds-de-nez s’évanouissant dans la nue
D’emballements torrides
Ma femme aux fesses d’améthyste et de boutons de manchette
Ma femme aux fesses de lunettes bien dessinées
Ma femme aux fesses de toujours
Au sexe d’épagneul
Ma femme au sexe de pistache carapaçonnée
Ma femme au sexe de pile Wonder
Fondant délicieusement dès que l’on s’en sert
Et aux remous lointains
Ma femme au sexe de poignard
Ma femme aux yeux pleins de flammes
Aux yeux de souvenirs et de sucreries
Ma femme aux yeux de raisin frais
Ma femme aux yeux de pipistrelle pour mourir en l’air
Ma femme aux yeux instantanément sous la serviette
Aux yeux de roulements de tambours et de tonnerre
Et de sonnettes

Ce texte fut initialement édité en 1999 par les éditions Le Corridor Bleu. Merci au Corridor Bleu, à Konrad Schmitt, Ivar Ch’Vavar.